© UNICEF/Ulet Ifansasti À Kupang, en Indonésie, la hausse des températures et les phénomènes météorologiques extrêmes entraînent une baisse de la production alimentaire et une augmentation de la malnutrition.
Par Hamidou TRAORE, tr.hamidou@gmail.com
Le financement mondial de l’adaptation climatique est dangereusement insuffisant, alerte un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Alors que les besoins s’envolent à 310 milliards de dollars par an d’ici 2035, les pays en développement ne reçoivent qu’une fraction des fonds nécessaires, compromettant des vies et des économies face à l’accélération des catastrophes. L’ONU appelle à un « effort mondial » urgent pour combler ce fossé colossal.
Alors que les températures mondiales atteignent des niveaux record et que les catastrophes climatiques se multiplient, les pays en développement ne reçoivent qu’une fraction des fonds nécessaires pour s’adapter aux conséquences du réchauffement. C’est le constat alarmant du nouveau rapport publié mercredi par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Ce manque chronique de moyens met « en péril des vies, des moyens de subsistance et des économies entières. »
Un Fossé Colossal Menace la Justice Climatique
À l’approche de la COP30, la prochaine conférence internationale sur le climat qui se tiendra en novembre au Brésil, le PNUE estime que les besoins d’adaptation des nations vulnérables dépasseront 310 milliards de dollars par an d’ici à 2035, un montant douze fois supérieur au niveau actuel des financements publics internationaux.
En 2023, les flux internationaux consacrés à l’adaptation pour les pays en développement n’ont atteint que 26 milliards de dollars. Le déficit s’élève ainsi à 284 milliards de dollars par an.
Cet écart colossal compromet l’objectif du Pacte de Glasgow, qui visait à doubler le financement public international de l’adaptation d’ici à 2025 pour atteindre environ 40 milliards de dollars, un but désormais jugé hors de portée.
L’Adaptation : « Une Bouée de Sauvetage »
Face à l’urgence, les dirigeants de l’ONU appellent à une mobilisation immédiate.
« Les effets des changements climatiques s’accélèrent. Pourtant, le financement de l’adaptation ne suit pas le rythme », a averti le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
« L’adaptation n’est pas un coût : c’est une bouée de sauvetage. Combler l’écart, c’est protéger des vies, assurer la justice climatique et bâtir un monde plus sûr », a-t-il ajouté.
Le PNUE exhorte les États à redoubler d’efforts pour combler cet écart financier et protéger les populations les plus exposées aux chocs climatiques.
Des progrès locaux, un financement global fragile
Malgré la faiblesse des financements, des avancées sont observées. 172 pays disposent désormais d’au moins une politique ou d’un plan national d’adaptation, et plus de 1 600 actions sont recensées mondialement, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’eau et des infrastructures.
De plus, les fonds multilatéraux (comme le Fonds pour l’adaptation et le Fonds vert pour le climat) ont réussi à mobiliser près de 920 millions de dollars en 2024, marquant une hausse de 86 % par rapport à la moyenne des années précédentes.
Cependant, ces efforts demeurent précaires. Trente-six pays travaillent encore avec des outils obsolètes, et peu parviennent à rendre compte de l’impact réel de leurs politiques.
Plaidoyer pour un « effort mondial »
Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, a plaidé pour un engagement mondial :
« Nous avons besoin d’un effort mondial pour augmenter le financement de l’adaptation, tant public que privé, sans alourdir la dette des nations vulnérables. »
Adopté lors de la COP29 à Bakou, le nouvel objectif collectif de financement climatique prévoit que les pays développés mobilisent au moins 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035 pour les pays du Sud. Néanmoins, l’inflation et la faible part de ces fonds allouée spécifiquement à l’adaptation en réduisent la portée effective.
« Même dans un contexte de budgets restreints et de priorités concurrentes, la réalité est simple : si nous n’investissons pas dans l’adaptation dès maintenant, nous ferons face à des coûts croissants chaque année », a-t-elle conclu, soulignant l’impératif économique et humain d’agir sans délai.
Hamidou TRAORE
