Par Hamidou TRAORE
Le nouveau rapport sur l’écart d’émissions 2025 du PNUE alerte sur un réchauffement toujours trop élevé. En effet, malgré de légères améliorations, ce rapport révèle que les engagements climatiques actuels restent très insuffisants pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Sans efforts massifs et rapides, le dépassement du seuil de 1,5 °C semble désormais inévitable.
Le seizième Rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière d’émissions, publié en 2025, dresse un constat sans équivoque : malgré certains progrès, le monde reste largement hors trajectoire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
Selon ce rapport, si les contributions déterminées au niveau national (CDN) étaient intégralement mises en œuvre, la planète se réchaufferait de 2,3 à 2,5 °C d’ici la fin du siècle. En revanche, en suivant les politiques actuellement en vigueur, la hausse atteindrait environ 2,8 °C. Ces chiffres marquent une légère amélioration par rapport aux projections de 2024, qui prévoyaient entre 2,6 et 2,8 °C avec les CDN et 3,1 °C selon les politiques existantes.
Cependant, les auteurs du rapport tempèrent ce progrès : 0,1 °C d’amélioration découle uniquement de mises à jour méthodologiques, tandis que le retrait annoncé des États-Unis de l’Accord de Paris annulerait un autre 0,1 °C. En d’autres termes, les nouvelles CDN n’ont eu qu’un impact marginal sur les trajectoires climatiques.
Pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris, maintenir le réchauffement « bien en dessous de 2 °C » et poursuivre les efforts pour rester sous 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions mondiales de 35 % d’ici 2035 pour le premier objectif, et de 55 % pour le second, par rapport aux niveaux de 2019. Un défi colossal, compte tenu du temps limité et des tensions politiques internationales.
Le rapport estime qu’un dépassement temporaire du seuil de 1,5 °C est désormais probable au cours de la prochaine décennie. Pour limiter les dégâts, les auteurs appellent à des réductions plus rapides et plus profondes des émissions de gaz à effet de serre, afin de minimiser les risques climatiques et de maintenir ouverte la possibilité de revenir sous 1,5 °C d’ici 2100. Chaque dixième de degré évité se traduirait par moins de pertes humaines et économiques, une moindre pression sur les écosystèmes et une dépendance réduite aux technologies encore incertaines de captage du carbone.
Dix ans après l’adoption de l’Accord de Paris, les prévisions de réchauffement ont tout de même reculé de 3 à 3,5 °C, signe d’un progrès réel. Les technologies bas carbone, notamment l’éolien et le solaire, connaissent une croissance rapide et voient leurs coûts chuter. Le rapport souligne que la transition est techniquement possible, mais qu’elle exige une volonté politique renouvelée, un soutien accru aux pays en développement et une réforme en profondeur du système financier international.
Hamidou TRAORE
