Par Hamidou TRAORE, tr.hamidou@gmail.com
À la veille du sommet crucial COP30 sur le climat, une nouvelle analyse révèle que le coût annuel nécessaire à l’adaptation au changement climatique des petits exploitants agricoles, qui produisent la moitié des calories alimentaires mondiales, est inférieur aux dépenses mondiales consacrées aux subventions agricoles jugées préjudiciables.
L’étude, menée par Climate Focus pour le compte de Family Farmers for Climate Action (FFCA), une nouvelle alliance mondiale représentant 95 millions de petits producteurs, estime à 443 milliards de dollars US par an le montant requis pour renforcer la résilience des petits exploitants face aux effets du climat.
Un investissement vital pour la sécurité alimentaire
Ce montant, vital pour les exploitants disposant de 10 hectares ou moins, représente un investissement annuel moyen de 952 dollars US par hectare, soit seulement 2,19 dollars US par jour.
Fait marquant :
- Les 443 milliards de dollars US d’adaptation sont inférieurs aux 470 milliards de dollars par an que l’ONU estime être dépensés en subventions agricoles néfastes pour les populations et la planète.
- Il ne représente qu’un tiers des 1 400 milliards de dollars que les pays en développement consacrent au service de la dette en 2023.
Malgré l’urgence, les dépenses mondiales pour l’adaptation des petits exploitants ne se sont élevées qu’à 1,59 milliard de dollars en 2021, soit à peine 0,36 % des besoins. Les petits exploitants, quant à eux, supportent une grande partie du fardeau, consacrant en moyenne 20 à 40 % de leur revenu annuel à des mesures d’adaptation, totalisant 368 milliards de dollars par an.
Des agriculteurs appellent à l’action
Elizabeth Nsimadala, présidente de la Fédération des agriculteurs d’Afrique de l’Est (EAFF), insiste sur l’importance de ce financement : « Il ne s’agit pas de charité, mais d’un investissement dans la sécurité alimentaire des populations du monde entier. Les petits exploitants produisent la moitié des calories alimentaires mondiales… Investir dans leur adaptation profite à tous. »
Pour Thales Mendonça, agriculteur agroforestier brésilien, « Investir dans les petits exploitants n’est pas seulement une nécessité économique, c’est un impératif écologique. Nous sommes les pionniers de pratiques telles que l’agroécologie, qui renforcent la résilience climatique. »
Le financement au cœur de la COP30
L’adaptation est une priorité à la COP30. Cependant, des questions importantes persistent quant au financement. L’alliance FFCA, par la voix d’Esther Penunia, secrétaire générale de l’Association des agriculteurs asiatiques (AFA), demande instamment aux gouvernements de « convenir d’une augmentation importante du financement de l’adaptation » et de faciliter l’accès direct des organisations d’agriculteurs familiaux aux fonds, allant jusqu’à soutenir la création d’un nouveau fonds dédié à la résilience des agriculteurs et dirigé par ces organisations.
De son côté, la présidence brésilienne de la COP30 prévoit une action en faveur de l’agriculture durable et de l’agroécologie, visant à faire entendre la voix des agriculteurs familiaux dans les discussions clés sur le financement, les pertes et les dommages.
Le sommet de la COP30 devra trancher sur les indicateurs de suivi de l’Objectif mondial en matière d’adaptation, et clarifier si les pays développés tiendront leur promesse de doubler le financement de l’adaptation d’ici 2025. L’absence d’indicateurs spécifiques sur les flux financiers vers les petits exploitants agricoles dans la liste actuelle soulève des inquiétudes.
Hamidou TRAORE
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