Par Hamidou TRAORE
Le 20 octobre 2011, Mouammar Kadhafi, dirigeant de la Libye depuis 1969, est capturé puis tué à Syrte, sa ville natale, par des forces rebelles appuyées par l’OTAN. Depuis cette date fatidique, des zones d’ombre entourant sa mort restent nombreuses, et de lourdes accusations continuent de nourrir les spéculations, notamment sur un rôle supposé de la France, et plus particulièrement de l’ancien président Nicolas Sarkozy. Ironie du sort, c’est demain, juste un jour après la date de la mort de Khadafi que Sarkozy ira en prison.
Une fin brutale sous les caméras
Au cours du printemps arabe, la Libye sombre dans la guerre civile. En mars 2011, une coalition internationale, conduite par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, lance des frappes aériennes sous mandat de l’ONU (résolution 1973) pour « protéger les civils ». Ces interventions ciblent les forces loyales à Kadhafi, affaiblissant rapidement son régime.
Le 20 octobre, alors qu’il tente de fuir Syrte, Kadhafi est capturé vivant par des combattants du Conseil national de transition (CNT). Des vidéos amateurs montrent un Mouammar Kadhafi ensanglanté, malmené, insulté. Quelques minutes plus tard, il est mort. La version officielle parle d’un échange de tirs. Mais les images suggèrent un lynchage, voire une exécution sommaire.
Le silence gênant d’un homme aux secrets encombrants
La disparition brutale de Kadhafi prive la communauté internationale et en particulier certains responsables occidentaux d’éventuelles révélations explosives. Car le « Guide de la Révolution » aurait détenu des informations sensibles, notamment sur les relations occultes qu’il aurait entretenues avec plusieurs chefs d’État occidentaux.
Parmi eux, l’impulsif et truand Nicolas Sarkozy. Le dirigeant libyen affirmait avoir financé la campagne présidentielle du Français en 2007, à hauteur de plusieurs millions d’euros. Des documents et témoignages postérieurs viennent appuyer ces accusations, conduisant à une mise en examen de Sarkozy en France, notamment pour corruption passive, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.
Un agent français pour « faire taire » Kadhafi ?
C’est dans ce contexte que surgit, fin 2012, une théorie largement relayée notamment par des médias italiens et arabes : la mort de Kadhafi aurait été orchestrée non seulement par les rebelles, mais aussi par un agent secret français, infiltré parmi les combattants. Selon le Corriere della Sera, des sources diplomatiques à Tripoli affirment que ce tireur aurait reçu pour mission de « neutraliser » Kadhafi avant qu’il ne soit capturé vivant et qu’il puisse parler.
Des responsables du CNT auraient eux-mêmes relayé l’idée qu’un agent occidental ait tiré la balle fatale. Le nom de Nicolas Sarkozy est cité comme commanditaire présumé, dans le but d’empêcher le dictateur libyen de révéler des informations compromettantes sur leur passé commun.
Cependant, ces affirmations n’ont jamais été étayées par des preuves tangibles. Aucune enquête officielle internationale ou judiciaire n’a confirmé la présence d’un agent français ni l’implication directe de l’Élysée dans la mort de Kadhafi.
Sarkozy, entre politique et justice
Nicolas Sarkozy a toujours nié tout financement libyen et toute implication dans la mort de Kadhafi. Il dénonce une cabale politique. Mais voilà, le 25 septembre passé, Nicolas Sarkozy a été condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme avec exécution provisoire pour association de malfaiteurs dans cette affaire libyenne. Ironie du sort, c’est demain, juste un jour après la date de la mort de Khadafi que Sarkozy ira en prison.
Une mort qui continue de faire trembler l’histoire
La disparition de Mouammar Kadhafi a laissé la Libye plongée dans le chaos. Le pays reste aujourd’hui fragmenté, instable et livré à des milices rivales. Quant à la mort du Guide de la révolution, elle continue d’alimenter les débats sur la légitimité de l’intervention occidentale et sur les conséquences géopolitiques du changement de régime forcé.
À défaut de vérité officielle complète, les circonstances exactes de la mort de Kadhafi resteront peut-être l’un des grands mystères non résolus de la politique internationale du XXIe siècle.
Hamidou TRAORE
