Le ministre en charge de l’environnement, Roger Baro, a dressé, ce vendredi 21 juillet 2023 devant les députés de l’Assemblée législative de transition (ALT), le bilan de la mise en œuvre de la loi portant interdiction des emballages et sachets plastiques non biodégradables au Burkina Faso. Sans surprise, c’est un bilan mitigé que le ministre a présenté.
L’usage des emballages et sachets plastiques non biodégradable au Burkina Faso est endémique. Le plastique est omniprésent même en pleine capitale Ouagadougou. Les déchets sont dans les cours d’eau, dans les lieux publics, dans les rue, etc. La loi interdisant ces emballages et sachets est constamment violé au vu et au su de tous. Après neuf ans d’application de cette loi, le ministre a dressé le bilan sous deux angles : juridique et politique/opérationnel. Sur le plan juridique, plusieurs textes d’applications ont été adoptés par le gouvernement en vue de la mise en œuvre effective de cette loi. Parmi celles-ci, il a cité le décret n°2015-798/PRES-TRANS/PM/MERH du 3 juillet 2015 portant contraventions et amendes administratives applicables en matière d’emballages et sachets plastiques ; l’arrêté n°2015-0361/MERH/CAB du 27 février 2015 portant conditions d’utilisation, de récupération et d’élimination des emballages et sachets plastiques non biodégradables non interdites (dans le domaines de la santé, de la sécurité et de la recherche) ; l’arrêté n°2015-037/MERH/CAB du 27 février 2015 portant procédures d’homologation des emballages et sachets plastiques biodégradables. Par ailleurs, a ajouté M. Baro, il y a l’institution d’une nouvelle taxe sur les emballages et sachets plastiques (homologués et exemptés).
Le ministre a reconnu cette réalité macabre devant la représentation nationale. Il a, en effet, indiqué que malgré les efforts consentis par le gouvernement, force est de constater que le bilan de la mise en œuvre de cette loi est mitigé et son application ne se fait pas sans difficultés. Parmi ces difficultés majeures, M. Baro a évoqué les insuffisances de loi elle-même, notamment, le caractère partiel et trop technique de la loi avec de nombreuses dérogations de sorte que seuls les initiés peuvent faire des contrôles appropriés. A cela s’ajoute l’impossibilité de distinguer les sachets et emballages plastiques biodégradables de ceux qui ne le sont pas à vue d’œil ; le coût élevé des appareils de vérification et des mécanismes de contrôle ainsi que les risques sanitaires liés à leur manipulation.
Des actions aux effets inopérants !
Face aux danger du plastique, l’Etat n’est pas resté les bras croisés. Le ministre de l’environnement a indiqué que plusieurs actions ont été réalisées sur le plan politique et opérationnel dans le cadre de la mise en œuvre de la loi. Ce sont la tenue de campagnes médiatiques et de sensibilisation, qui visent à informer et à sensibiliser les acteurs afin d’induire un changement de comportement ; la délivrance des certificats d’homologation dont 416 cumulés de 2015 à 2022, soit une moyenne de 52 homologations par an. En plus, M. Baro a relevé l’organisation régulière d’opérations de contrôle inopiné dans les alimentations, les boulangeries, les officines pharmaceutiques et les unités de production d’eau, etc et ce, dans toutes les régions administratives du Burkina Faso. Le ministre a également évoqué l’organisation d’opérations d’achat de déchets plastiques qui a permis de collecter plus de 6 000 tonnes de déchets plastiques. En termes d’actions politiques, le ministre a mentionné le renforcement de capacités de plus de 5 000 acteurs entre 2016 et 2022 et l’élaboration et la validation de la stratégie nationale de gestion des déchets plastiques (2023-2027) et son plan d’actions.
Le plastique, un grand mal pour la santé et l’environnement
Selon le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE), sur plus de 400 millions de tonnes de sachets plastiques produits chaque année, seuls 10% sont recyclés. Le reste se retrouve dans la nature, à l’aire libre, dans les fonds marins, les lacs, rivières, lieux publics, etc, causant ainsi de graves nuisances pour l’homme, les animaux et la nature. En effet, les microplastiques (taille inférieure ou égale à 5 mm de diamètre) se retrouvent dans la nourriture, l’eau et l’air. Conséquence ? Chaque personne sur la planète ingère plus de 50 000 particules de plastique qui se retrouve dans l’air. Les poissons dans les fonds marins, les cours d’eau et la biodiversité paient un lourd tribut de cette pollution à outrance.
Hamidou TRAORE