Photo crédit: UNODC/Laura Gil
Par Hamidou TRAORE, (tr.hamidou@gmail.com)
Soixante-cinq pays ont signé ce samedi au Vietnam la première convention mondiale des Nations Unies dédiée à la lutte contre la cybercriminalité. Un accord qualifié d’« étape historique vers un monde numérique plus sûr » par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Adoptée en décembre 2024 après cinq années de négociations, la Convention des Nations Unies sur la cybercriminalité établit pour la première fois un cadre juridique universel pour enquêter et poursuivre les infractions commises en ligne, qu’il s’agisse de rançongiciels, de fraudes financières ou de diffusion non consensuelle d’images intimes.
« Cette convention est un instrument puissant et juridiquement contraignant qui renforce nos défenses collectives », a déclaré M. Guterres lors de la cérémonie, organisée à Hanoï en partenariat avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). « Elle incarne la force du multilatéralisme et garantit qu’aucun pays, quel que soit son niveau de développement, ne sera laissé sans défense face à la cybercriminalité. »
Un cadre mondial de coopération
Le texte criminalise un large éventail d’actes liés à la cybercriminalité et instaure un réseau de coopération internationale permanent, permettant notamment l’échange de preuves électroniques entre États.
Il marque aussi une avancée majeure en reconnaissant pour la première fois la diffusion non consensuelle d’images intimes comme une infraction internationale.
La convention entrera en vigueur 90 jours après le dépôt du 40e instrument de ratification.

Une réponse collective aux menaces numériques
Dans son allocution, António Guterres a rappelé que les avancées technologiques, tout en favorisant le progrès, ont ouvert la voie à de nouvelles vulnérabilités :
« Chaque jour, des escroqueries en ligne ruinent des familles et siphonnent des milliards de dollars. Dans le cyberespace, personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. »
Le traité fixe ainsi des normes communes pour la collecte et l’échange de preuves électroniques, tout en garantissant la protection de la vie privée et des droits humains fondamentaux. Pour M. Guterres, il s’agit d’une « victoire pour les victimes d’abus en ligne » et d’un outil essentiel pour les enquêteurs confrontés à des crimes transfrontaliers.
Le Vietnam à l’honneur
La signature du traité s’inscrivait dans le cadre de la visite officielle du Secrétaire général au Vietnam. Celui-ci a rencontré le Président Lương Cường, le Premier ministre Pham Minh Chinh et plusieurs responsables vietnamiens.
Lors d’une conférence de presse conjointe, M. Guterres a salué le rôle du pays dans l’économie numérique mondiale : « Il est tout à fait approprié que cette cérémonie ait lieu ici, dans un pays qui a su embrasser la technologie et devenir un maillon essentiel des chaînes d’approvisionnement numériques. »
Il a invité les États à ratifier rapidement le traité et à traduire les engagements en actions concrètes, notamment à travers un soutien financier et technique accru pour les pays en développement.

Un cyberespace plus sûr pour tous
Selon les experts, le coût mondial de la cybercriminalité pourrait atteindre 10 500 milliards de dollars par an d’ici 2025. Pour de nombreux pays, notamment ceux du Sud, la convention représente une chance d’accéder à de nouvelles ressources, formations et outils de coopération.
« Saisissons cette opportunité », a exhorté le chef de l’ONU. « Construisons un cyberespace respectueux de la dignité et des droits humains, et faisons de l’ère numérique un vecteur de paix, de sécurité et de prospérité pour tous. »
Hamidou TRAORE
