
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a présenté ce mercredi 24 mai 2023 à Genève, le contenu de son rapport intitulé : « Sur les chemins de l’extrémisme en Afrique : les voies de recrutement et de désengagement ». Recensant les causes de l’explosion des activités des groupes armés non étatiques, les rédacteurs pointent du doigt la crise climatique comme catalyseur de l’escalade de la violence.
Il ressort du rapport du PNUD que « la montée de l’extrémisme violent en Afrique subsaharienne remet en cause les gains en développement durement acquis et menace de freiner les progrès pour les générations à venir. Il est plus que jamais urgent de comprendre les causes en Afrique et les actions à prendre pour la prévenir. ». Cette étude s’est focalisée sur huit (8) pays d’Afrique subsaharienne que sont le Burkina Faso, le Cameroun, le Tchad, le Mali, le Niger, le Nigeria, la Somalie et le Soudan.
Elle révèle que cette partie du monde est devenue « l’épicentre mondial de l’activité extrémiste violente ». En effet, bien que les décès dus au terrorisme dans le monde ont diminué au cours des cinq dernières années, les attaques dans cette région africaine ont « plus que doublé depuis 2016 ». En 2021, près de la moitié de tous les décès liés au terrorisme se sont produits en Afrique subsaharienne, dont plus d’un tiers dans quatre (4) pays à savoir : la Somalie, le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Les activités terroristes se sont également propagées à d’autres parties du continent, comme le Mozambique, et ont un impact « dévastateur » sur les vies, les moyens de subsistance, ainsi que les perspectives de paix et de développement.
Le rapport cite clairement des considérations environnementales parmi les facteurs de l’escalade de la violence terroriste dans cette partie de l’Afrique. En effet, les groupes armés non étatiques profitent de la « dégradation de l’environnement et de la gestion inéquitable des terres pour se positionner comme justiciers, régulateurs de l’accès aux ressources naturelles et fournisseurs de services judiciaires et administratifs, ainsi que comme substituts des moyens de subsistance ». Les auteurs du rapport préviennent que bien que ces groupes armés n’aient pas encore « fait du changement climatique un message majeur, ils pourraient facilement élaborer un récit global le présentant comme la forme ultime de violence structurelle imposée par les pays développés au reste du monde. ».
De façon plus précise, l’étude citent parmi les griefs excipés par les groupes armés, la « gestion injuste des terres », qui s’avère liée à l’accès aux ressources en eau, et la dégradation des terres qui en résulte (exacerbée par le changement climatique).
Le rapport a décliné une litanie de recommandations pour sortir de l’avalanche de violence dans cette partie de l’Afrique. Ainsi, il invite entre autres, à prendre en compte les notions de crise climatique et de l’écologie politique dans les analyses. L’étude ajoute que l’analyse des conflits devrait inclure non seulement la « dynamique politique entre les diverses identités, moyens de subsistance, groupes politiques et mobilisateurs violents, » mais aussi la relation entre les populations humaines et les « écosystèmes dans lesquels elles vivent. ».
En rappel, le PNUD est le principal organisme des Nations Unies qui lutte contre l’injustice de la pauvreté, les inégalités et le changement climatique. Travaillant avec un vaste réseau d’experts et de partenaires dans 170 pays, cette organisation onusienne aide les pays à développer des « solutions intégrées et durables pour les peuples et la planète ».
Hamidou TRAORE