
La présentation de M. Allaoui s'étant fait en ligne, les participants l'ont également suivi avec beaucoup d'attention
« Droit à l’eau : contenu et mise en œuvre ». C’est le thème qu’a disséqué M. Moez Allaoui, directeur central de SONEDE (Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux de la Tunisie) ce 15 août 2022. C’était dans le cadre d’une formation d’une centaine de journalistes issus de 14 pays africains initiée par Africa 21 et tenue à Dakar du 14 au 19 août. Les participants savent désormais, ou, à nouveau ce à quoi renvoie l’accès à l’eau.
Le droit à l’eau est un concept abondamment évoqué par les politiques, les leaders d’opinion, des organisations de la société civile, voire des journalistes etc, sans souventes fois dire exactement ses implications. L’aubaine a été donnée aux 97 participants d’avoir une idée claire de cette notion. Dans sa démarche explicative, M. Moez Allaoui a d’abord dépeint une situation désolante -chiffre à l’appui- sur le continent africain. Il a signalé que « 411 millions de personnes en Afrique n’avaient toujours pas accès au service de base d’eau de boisson en 2020 ». Sur ces 411 personnes, 58 millions se trouvent en Ethiopie, 48 millions en République démocratique du Congo, 46 millions au Nigéria, 23 millions en Tanzanie, 21 millions au Kenya et les 414 dans le reste de la région africaine. Il poursuit sur une pessimiste pour laisser entendre qu’à l’aube de la date butoir des Objectifs du Développement Durable (ODD), « seuls trois pays sur 46 avec une couverture inférieure à 99% sont actuellement sur la bonne voie pour atteindre une couverture universelle pour un service au moins de base d’eau de boisson d’ici 2030 ». Toujours excipant des chiffres alarmants, le directeur de central de SONEDE ajoute que « 3 sur 5 personnes en Afrique manquaient de service d’alimentation en eau de boisson gérée en toute sécurité en 2020 ». Dans la foulée, il revient pour définir le droit à l’eau comme le droit : « à un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau salubre et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques de chacun ». Il précise que l’effectivité de ce droit est assise sur trois principes cumulativement dépendants. Il s’agit d’abord de « respecter » ce droit. Ce qui signifie que les Etats doivent s’abstenir d’obstruer « directement ou indirectement » la jouissance de ce droit. Ensuite, le principe de « protéger » qui implique que les États « doivent empêcher des tiers d’entraver l’exercice du droit à l’eau ». Enfin, le principe de « mettre en œuvre ». Il Ici, les gouvernements « doivent prendre des mesures législatives, administratives, budgétaires et autres pour assurer la pleine réalisation du droit à l’eau ». M. Allaoui précise que la mise en œuvre doit également se faire sans discontinuer et sans discrimination aucune.
Hamidou TRAORE