Unsplash/Jo-Anne McArthur Les émissions de méthane proviennent majoritairement du bétail.
Par Hamidou TRAORE, (tr.hamidou@gmail.com)
Bien que reconnu comme un gaz aux effets dévastateurs sur le climat, le méthane reste largement négligé par les gouvernements et les industriels. Selon le dernier rapport de l’Observatoire international du méthane du PNUE du 22 octobre 2025, à peine 12 % des alertes de fuites envoyées ont donné lieu à des actions concrètes, malgré les moyens de détection de plus en plus performants.
Pourtant, le méthane est un gaz à effet de serre au potentiel de réchauffement 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone sur une période de 20 ans. Il est principalement émis par l’élevage, les industries fossiles et la gestion des déchets. Contrairement au CO₂, une réduction rapide des émissions de méthane permettrait des résultats immédiats sur la courbe du réchauffement, offrant un répit crucial dans la lutte contre la crise climatique.
Une technologie avancée, une réponse timide
Face à cette urgence, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a lancé en 2022 le système MARS (Methane Alert and Response System). Alimenté par des données satellites et de l’intelligence artificielle, MARS repère les fuites accidentelles de méthane dans le monde entier et envoie des alertes aux autorités et entreprises concernées.
Depuis son lancement, plus de 3 500 alertes ont été envoyées dans 33 pays. Mais les résultats sont décevants : près de 90 % de ces alertes n’ont reçu aucune suite. Si le taux de réponse est passé de 1 % à 12 % en un an, le fossé entre les données disponibles et l’action reste béant.
Des solutions à portée de main, mais peu exploitées
« La réduction des émissions de méthane peut infléchir rapidement la courbe du réchauffement, ce qui nous donne plus de temps pour décarboner les économies », insiste Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE. Mais elle alerte : « Les progrès en matière de détection doivent désormais être suivis d’actions concrètes. »
L’agence note que des solutions peu coûteuses et éprouvées existent, notamment dans les secteurs du charbon et de la sidérurgie, encore largement tributaires de combustibles fossiles. Pourtant, ces opportunités restent souvent négligées dans les stratégies industrielles.

Appels à l’action et élargissement du dispositif
Face à cette inertie, le PNUE appelle les entreprises à rejoindre le Partenariat pour le méthane issu du pétrole et du gaz 2.0, un programme soutenu par l’Union européenne. Il vise à encadrer plus strictement les émissions dans l’un des plus grands marchés énergétiques mondiaux.
En parallèle, le système MARS est en pleine expansion : il couvre désormais les fuites émanant des mines de charbon et des sites de traitement des déchets, et s’attaque à un nouveau front : les émissions de l’industrie sidérurgique, où les mesures de réduction sont encore quasi inexistantes.
Hamidou TRAORE
