
L'un des dispositifs de traitement des eaux usées
Les journalistes participant à l’atelier sur « les enjeux de l’eau » organisé par Africa 21 du 14 au 19 août 2022 à Dakar, ont visité le 17 août, la station d’épuration des eaux usées de cette ville. Les visiteurs ont pris connaissance de tout le processus du traitement de l’eau et la destination de sa réutilisation. Un cycle qui a le mérite de rationnaliser l’utilisation d’une ressource dont la demande explose dans la capitale sénégalaise.
C’est un secret de polichinelle. Les capitales africaines explosent en démographie, rendant problématique la disponibilité de l’eau. Pour ainsi prévenir une pénurie excessive de l’eau, l’Etat sénégalais a anticipé en investissant plus 40 milliards dans l’édification d’une station de traitement des eaux usées de la capitale. Construit sur un spacieux superficie, la station traite pour l’instant que les eaux usées domestiques. Selon M. Ibrahima Mendès, chef section assainissement industriel, l’usine traite actuellement environ « 46 000 m3 d’eaux usées par jour ». Cette importante quantité d’eau traitée traverse plusieurs étapes que M. Mendes a longuement expliqué à ses visiteurs. Dans un premier temps, l’eau insalubre passe par le dégrillage qui permet de séparer les déchets solides de l’eau brute. Ensuite suit l’étape du dessablage où les bassins de dessablage éliminent les sables. L’étape du dégraissage débarrasse l’eau de ses corps gras. Quant à la décantation, elle permet de récupérer la boue au fond des bassins. Vient à la suite la phase du traitement biologique qui permet de détruire les composés organiques contenus dans l’eau.

Le chef de la section assainissement industriel de la station précise que ces étapes de traitement ne permettent pas à l’eau traitée d’être bue. Pour parvenir à ce stade d’autres étapes « plus poussées » sont nécessaires.
En plus, les eaux de pluies sont également traitées dans la station. Sauf qu’elles ne suivent le même processus que les eaux domestiques. M. Ibrahima Mendès confie que l’eau de pluie passe par une « autre conduite pour les déverser dans la mer ». Ce, « parce que c’est une eau qui n’est pas chargée. Or, à la station, l’on fait un traitement biologique, ce qui veut que l’on ait besoin de nutriments pour les bactéries. Et cela provient essentiellement des eaux domestiques. L’eau de pluie est diluée, si on la laisse rentrer dans le système, cela va diluer le bassin biologique », a-t-il expliqué.
Les maraichers bénéficient de l’eau traitée
L’eau bien que traitée reste impropre à la consommation humaine, mais parfaitement indiquée pour la maraicher-culture. Selon M. Pape Mbagnick Thiam, responsable du sous-projet valorisation à l’usine d’épuration des eaux, les 180 périmètres de maraîchage aménagés dans la zone utilisent l’eau sortie de la station. Il ajoute que tous les maraîchers dans la zone s’approvisionnent en eau à partir de la station. Cette fourniture d’eau a permis à des milliers de familles de continuer leurs activités agricoles car les eaux douces notamment issues des lacs salées et nuisibles aux plantes. Ces maraichers achètent le m3 de l’eau traitée à 50 FCFA. M. Ibrahima Mendès informe que des entreprises viennent également se faire livrer moyennant 200 FCFA le m3 pour l’arrosage des espaces verts et des voies en construction. Également pour d’autres travaux comme dans les bâtiments et travaux publics.

L’offre de la station étant supérieur à la demande, M. Mendès explique que le surplus est tout simplement rejeté à la mer : « Actuellement l’offre est supérieure à la demande. C’est la raison pour laquelle le reste est jeté à la mer. Si vous recevez 36 000 m3 d’eau chaque jour et que vous n’arrivez pas à tout écouler, vous risquez à un moment donné d’être inondé. L’eau qui est jetée à la mer a été traitée à l’avance. On a enlevé une bonne partie de la pollution. De plus, cette eau contient les aliments que nous consommons à la maison. Et puis nous jetons l’eau à 1 km 300 m. Il n’y a donc pas de danger pour les écosystèmes aquatiques », a-t-il expliqué.
Hamidou TRAORE