L’Organisation météorologique mondiale (OMM) tire la sonnette d’alarme dans une déclaration, sur les conséquences catastrophiques que pourraient engendrer la crise climatique en Afrique d’ici 2030. Entre autres, l’organisation onusienne avertit que jusqu’à « 700 millions d’Africains » seront forcés de se déplacer à cause de la rareté de l’eau.
En aout 2022, au cours d’une formation des journalistes africains, organisée par Africa 21 sur les enjeux de l’eau, le Dr Aïda Diongue-Niang du GIEC, démontrait clairement l’impact du changement climatique sur les ressources en eau du continent africain. Elle ressassait même que ces effets sont « déjà très visibles ». L’experte prévenait même que plus le réchauffement climatique s’accentuera, plus l’on assistera à « l’augmentation des pluies extrêmes partout sur en Afrique ». Dans la même veine, la déclaration de l’OMM vient corroborer en des termes beaucoup plus inquiétants les affirmations du Dr Aïda Diongue-Niang du GIEC.
Pourtant, il est notoirement reconnu que le continent africain n’émet qu’entre 2% et 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cependant, il est le plus exposé aux conséquences dramatiques que les vrais responsables du dérèglement climatique. Ainsi, l’OMM prévoit des évènements météorologiques extrêmes tels que « les inondations dévastatrices », « l’augmentation des sécheresses, et le stress hydrique », le besoin d’eau supérieure aux ressources disponibles. Evidemment le foisonnement des « pluies extrêmes » entrainera énormément d’inondation. Ces désastres agiront négativement et gravement sur les communautés, les économies et les écosystèmes africains. Par conséquent, ces évènements extrêmes pousseront des millions d’africains, à quitter leur localité, pays, sous-région pour d’autres destinations plus clémentes.
L’OMM affirme que ce mouvement massif sera également porteur d’un « risque croissant de conflit lié à l’eau ». S’appuyant sur la situation prévalent dans la Corne de l’Afrique, éprouvée par une forte sécheresse, le Secrétaire général de l’OMM, le , déclare : « L’aggravation de la crise et la famine imminente dans la Corne de l’Afrique frappée par la sécheresse montrent comment le changement climatique peut exacerber les chocs hydriques, menaçant la vie de centaines de milliers de personnes et déstabilisant les communautés, les pays et les communautés des régions entières ». Plus loin, le Professeur ajoute également que, même si le continent produit moins de 5 % des gaz à effet de serre mondiaux, le climat sur le contient s’est réchauffé plus que la moyenne mondiale depuis l’époque préindustrielle (1850-1900). Comme pour ne rien arranger, l’élévation du niveau de la mer le long des côtes africaines, induite par le réchauffement climatique va à un rythme plus rapide que la moyenne mondiale. Ce qui entraine l’augmentation de la fréquence et de la gravité des inondations et de l’érosion côtières et de la salinité dans les villes basses. L’auteure de la déclaration souligne que ces inondations auront des impacts majeurs sur le secteur agricole, les écosystèmes, la biodiversité. Par exemple, la productivité agricole va prendre un sérieux.
Outre, rappelons que le rapport de l’OMM sur l’état du climat en Afrique, publié en 2021, confirme cette déclaration de septembre 2022. En effet ledit rapport indiquait que les événements liés à l’eau tels que les sécheresses, les inondations et l’élévation du niveau de la mer obstruent gravement la capacité du continent à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. Pour endiguer les effets apocalyptiques de ces menaces, l’organisation onusienne recommande la nécessité des investissements supplémentaires pour mettre en branle des mesures d’adaptation au changement climatique dans les pays africains. Par ailleurs, l’OMM suggère la nécessité de renforcer les systèmes d’alerte précoce, d’accroître la coopération transfrontalière, l’échange de données et le partage des connaissances.
Hamidou TRAORE